Sémiosine

L’automobile, un signe extérieur de “richesse”

Une figure linguistique (le paradoxe) se reproduit dans les slogans publicitaires et on y prête attention. Quand cela concerne un même secteur (l’automobile) sur une courte période (premier trimestre 2012), comment ne pas se demander : pourquoi ?

Plus je dors, plus je suis fatigué… Les cordonniers sont les plus mal chaussés… Les paradoxes, ce sont ces idées qui défient le sens commun, et s’imposent à nous. Le paradoxe est aussi une figure de style, une construction employée sciemment pour attirer l’attention, faire réfléchir, insinuer avec force une pensée dans nos esprits, qui se plaît à être twisté malgré lui. Une figure où “des mots ordinairement opposés sont rapprochés pour exprimer une vérité surprenante”, ou encore la “formulation d’une pensée qui paraît contraire aux données de l’expérience, et contient pourtant une vérité piquante et éclairante”.

Examinons de plus près quel paradoxe est à l’œuvre dans chacune des accroches suivantes, toutes repérées dans le secteur automobile et qui concernent pourtant des produits très différents puisque les modèles vont du SUV 4×4 de luxe à la petite citadine en passant par la berline plus ou moins premium et le “cross-over”.

Infinity M Hybrid : « courbes = lignes ».

Porsche Cayenne : « tradition = avant-garde ».

Volkswagen : « petit = grand ».

Ford Kuga : « imprévisible = prévisible ».

Peugeot 508 : « être remarqué = ne pas être remarqué ».

Skoda Fabia : « faire comme tout le monde = ne pas faire comme tout le monde ».

Skoda Superb : « voiture luxueuse ≠ voiture de luxe ».

Si l’on devait résumer les “enseignements” de tous les paradoxes ci-dessus, on obtiendrait à peu près ceci : “Être = ne pas être”, lorsque l’idée est verbale. “Une chose = son contraire”, lorsque l’idée est substantive ou adjective.

Que nous disent toutes ces accroches ? Peut-être que dans la vaste panoplie de nos possessions et acquisitions, l’automobile aussi peut nous permettre de brouiller l’image. De donner un peu de fil à retordre aux catégorisateurs en tout genre. De ne pas être entièrement déterminable par le modèle de voiture que l’on conduit. D’afficher une certaine richesse, une certaine complexité, une certaine ambivalence. D’échapper aux étiquettes. Bref, la douce illusion qu’on ne peut être mis dans une case.

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