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Skyfall, de Sam Mendes : L’Evangile selon James Bond

Skyfall, dernier opus de la franchise James Bond, n’y va mythologiquement pas avec le dos de la cuillère : les références bibliques fusent presque aussi vite que les coups. Et si ce n’était pas étranger au succès populaire d’un film qui porte sur ses épaules la lourde tâche d’incarner les 50 ans de la saga ? (Attention spoilers…)

 Le sauveur

Au début, James Bond meurt, touché par une balle qui le fait chuter au fond d’un fleuve dans lequel il disparaît, sur la voix d’Adele qui chante « This is the end ». Puis il renaît, ailleurs, dans une autre vie, après un séjour dans une eau à la fois symbole de mort et source de vie, liquide amniotique magnifié par le générique, de toute beauté. Le mythe de la résurrection est ainsi clairement énoncé et fait de James Bond un Christ endossant les habits de sauveur de l’humanité. Rien de moins.

Les frères ennemis

James Bond rencontre son frère ennemi, Silva (la forêt, en portugais, et tout ce qui s’y cache). Silva est le double négatif de James Bond. Lui-même ancien agent secret au sein du MI6 des années auparavant, il est tombé entre les mains de l’ennemi. Torture, mort symbolique. Lui aussi renaît, d’une certaine façon. En méchant. En Caïn, qui cherche à tuer son frère, James/Abel. Après tout, James et Silva appartenaient à la même famille d’adoption.

 Le sacrifice

A la tête du MI6, on trouve M/Mother, la mère adoptive de James, orphelin de ses vrais parents, et de Silva. Une mère aimante et indigne à la fois, qui a dû sacrifier Caïn. Qui a failli sacrifier James, aussi. Mais lui, il lui pardonne. C’était une erreur. Pas Silva qui, jaloux de son rival, voudrait exterminer sa famille adoptive. Et toute l’humanité avec, puisque après lui… M, c’est donc un peu Abraham, mais avec une différence de taille : elle, elle va jusqu’au bout du sacrifice. Et elle le paiera de sa vie. Dans une église du bout du monde (l’Ecosse, tout de même), sur les genoux de James, façon Pieta inversée, ses enfants autour d’elle.

Enfer et paradis

Drame de la jalousie, ce feuilleté de mythes est cohérent avec la structure de l’ensemble du film, qui symboliquement va de l’eau au feu en passant par la terre et l’air :

L’eau, c’est la mort et la renaissance du début ; le feu, c’est l’apocalypse et le renouveau de la fin ;

La terre, c’est le lieu protecteur dans lequel le MI6 se réfugie, après avoir été frappé par un attentat, pour se reconstruire ; le ciel, c’est le paradis que James Bond a perdu orphelin, cette maison isolée dans la lande écossaise au nom emblématique de Skyfall.

Pour info :

Skyfall, de Sam Mendes, avec Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Naomie Harris, Bérénice Marlohe… Distribué par Sony.

2 réflexions sur “Skyfall, de Sam Mendes : L’Evangile selon James Bond”

  1. Ping : La galerie des plaisirs de Roquefort Société - Sémiozine

  2. je savais bien que mes cours d’analyse du récit filmique était enrichissant!
    j’avais pas loupé l’évangile selon james bond!
    le prénom révélée à la fin de « Eve » m’indiquer que j’étais sur le bon chemin.
    bonne analyse sur ce blog , j’e n’avais pas tout saisi.
    c’est dans les veilles pages qu’on fait les meilleurs bobines!

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